Trouver la lumière dans l'obscurité
Trouver la lumière dans l’obscurité c’est aussi voir la beauté dans les moments tristes. A Cuba, nous avons perdu une amie chère à mon cœur, Lizet. Voici quelques lignes en sa mémoire :
“Chère Lizet, si tu savais comme ta présence silencieuse nous manque déjà.
Tu ne répétais que quelques mots, suite à ton infarctus. Ces derniers mois, tu passais tes journées, enfermée chez toi, parfois même sans t’alimenter correctement. Toi, qui jusque-là venait de temps en temps sonner à la maison, tu semblais en avoir oublié le chemin.
Mes premières visites chez toi étaient dures, je ne comprenais pas comment une amitié pouvait se créer sur le silence. Devais-je parler ? Comment devais-je me comporter ? Je m’attardais sur tes joues creusées, sur tes bleus, sur les problèmes de ta maison ou encore sur la peur d’attraper la gale que tu avais bien souvent.
Et puis j’ai appris à voir derrière la misère, à voir chaque sourire arraché, à me réjouir de chaque parole répétée, et je t’ai aimée. Le temps m’a permis de me rendre compte de l’importance de cette amitié, des deux côtés. Pour toi, notre présence silencieuse était le signe que dans ta vie oubliée de beaucoup, tu n’étais pas seule. C’était un moment où ton sourire refaisait surface, où ta voix était à nouveau écoutée. Tes silences, tes sourires ponctués de quelques petits rires parfois, m’ont appris à aimer. Aimer au-delà du silence. Quelques mois avant ton décès, lors d’une visite avec Daniela et Gaétane, à défaut de parler, nous avons chanté. Et quelle joyeuse surprise quand tu t’es mise à fredonner avec nous les paroles de la fameuse « Guantanamera ».
Depuis à chaque visite nous chantions et j’espérais secrètement entendre ta voix résonner à nouveau. Je remercie Dieu aujourd’hui de nous avoir envoyées jusqu’à toi, de t’avoir permis de sourire, rire et chanter jusqu’à notre dernière visite.”
J’ai appris aux côtés de Lizet qu’il était possible d’aimer dans le silence.