Un modèle de sainteté

Lily… quelle femme vaillante !

Lily, c’est vraiment Marie au pied de la croix, qui voit la souffrance de son fils et souffre avec Lui, en union aimante et transparente. Qui mieux que Lily peut comprendre notre charisme de compassion ?

Sa vie est un long tissu de souffrances qui semble s’étirer sans fin. Elle habite dans un quartier mal famé, où les fusillades entre gangs sont fréquentes. Son mari et elle sont séparés depuis longtemps mais vivent sur le même terrain, chacun dans sa maison. Elle héberge une de ses sœurs qui ne l’aide pas vraiment dans les tâches ménagères et ne semble pas avoir beaucoup de gratitude à son égard. Et ses fils se sont perdus, malgré son éducation aimante. Pablo, Marcelo et Miguel sont dépendants de la drogue, font des allers-retours fréquents en prison ; Marcelo et Miguel y sont en ce moment.

Face à ce constat accablant, comment ne pas éprouver de la compassion envers Lily et sa vie douloureuse ? Et pourtant, sa vie si dure est incroyablement féconde. Incroyablement féconde car entièrement donnée. Sa foi la porte et la soutient. Cette foi si profondément ancrée en elle et qui s’incarne dans son quotidien. Comme Marie, elle guide et veille sur ceux qu’elle aime. Discrète, sa présence entièrement tournée vers l’autre protège et rassure, réconforte et rayonne. Lily donne, donne même ce qu’elle n’a pas.

Par exemple, elle accepta de venir cuisiner lors de notre camp d’été pour les filles en février. Une quinzaine de personnes à nourrir à chaque repas pendant trois jours, ça en demande du travail ! Et une certaine forme physique ! Du haut de ses soixante-quatorze ans, Lily l’a fait. Avec abnégation et bonté, en se donnant un peu plus chaque jour. Silencieusement. Elle a supporté les clameurs et l’excitation bruyante des filles à table, les changements de programme et les retards et s’est pliée au rythme du camp, pleine d’une bonne volonté aimante.

Elle aurait pu être au chevet de son fils Pablo, hospitalisé ces jours-là. Mais non, elle avait choisi de s’engager pour nous donner un coup de main et elle est donc restée auprès de nous, jusqu’au bout. Elle n’attendait pas de médaille ou de récompense. Elle était là, présente, toute donnée et offerte.

Et si vous l’aviez vue prier ! Silencieuse et recueillie, entièrement habitée par l’objet de sa prière : la guérison de son fils. Et bien qu’elle ne voit pas forcément les fruits de ses ferventes prières, elle continue avec persévérance à prier pour ses fils. Et qu’est-ce qu’elle les aime ses fils ! Malgré toutes leurs exactions et leur addiction à la drogue. Lors d’une visite, elle nous confia : « Je sais qu’ils ont mal agi. Mais moi je ne les juge pas, Dieu les jugera. Et moi, je serai toujours à leurs côtés. »

Promesse d’une mère, à la fois si simple et en même temps si vraie et si puissante ! Si aimante… Attitude miséricordieuse qui ne nie pas la faute, mais regarde avec bonté et compassion celui qui l’a commise.

Et au moment de partir, nous étions prêts à prendre congé lorsqu’elle nous retient : « Pouvons-nous prier un Notre Père ? »

Lily, si petite et si discrète est un véritable modèle de sainteté pour moi. Comme le dit Jésus : « Ceux qui sèment dans les larmes récolteront dans la joie ». Nul doute que sa récolte sera débordante !